Fin du désert de Gobi, nous renouons avec verdure et arbres, toujours en compagnie de Bor – notre driver - et Titine Khaan, son 4x4 russe. Le trajet se fait légèrement plus facilement puisque nous retrouvons des vraies routes bitumées (ou en cours de construction, ça dépend). La fin de Gobi rime également avec une faune plus dense : aigles, vautours, yacks et tous les troupeaux des nomades. La suite du programme nous réserve davantage de parcs naturels et quelques sites plus touristiques. Mais nous approchons de la fin de la “haute saison”, les nomades commencent à plier bagages et rejoindre les montagnes pour passer l’hiver et les touristes ont déjà bien déserté. D’ici un mois, la steppe sera recouverte de neige avec des températures largement négatives. Pour nous, c’est une aubaine et l’occasion de croiser quelques caravanes sur le départ. Pendant que les femmes s’occupent encore des troupeaux et de la vie courante dans les gers, les hommes préparent le grand départ – construction d’abris en bois et stockage de nourriture pour les bêtes durant l’hiver. Ce qui nous frappe c’est le maintien rigoureux des traditions : entre les peintures décrivant les migrations de nomades il y a plus d’un siècle (vues au muséum de Tsetserleg lors d’un instant culturel) et la photo ci-dessous, peu de choses ont changé – roues en bois pour les chariots portant les gers et yacks pour tirer le tout. Gengis Khaan reviendrait 8 siècles après, il ne serait pas trop dépaysé.
Le parc naturel d’Orkhon Khürkhree – chutes d’eau de la rivière Orkhon, sera une de nos premières étapes dans l’Arkhangai : l’Orkhon est la rivière la plus longue de Mongolie et finit par se jeter dans le lac Baïkal en Russie. Au sein du parc, deux mois dans l’année, une magnifique chute d’eau se dessine : on a été chanceux sur ce coup et le spectacle fut éblouissant. Cela ressemble à un cratère au milieu de la vallée – toutefois pas de baignade, l’eau étant décidemment trop froide.
Les maillots de bain sont en revanche de sortie aux sources d’eau chaude de Tsenkher : une petite trempette qui fait du bien, malgré une odeur assez forte de souffre. Heureusement nos hôtes ont tout prévu, puisqu’il est possible de se doucher à la sortie mais … avec la même eau parfumée à l’œuf pourri ! Dommage c’était la 2ème douche du séjour. C’est également notre première nuit en ger “sur pilotis” et nos premiers buuz Iso 9001. La ville est en effet davantage préparée à l’accueil de touristes. Bor a bien compris que nous souhaitons plutôt rencontrer des familles que fréquenter des tourists camps et jusqu’à la fin de notre séjour, nous serons donc hébergés par des nomades.
On poursuit notre découverte de l’Arkhangaï et filons plus à l’ouest. Le chemin vers Khorgo Uul et Terkhin Tsaagaan Nuur s’annonce plus périlleux : nous mettrons près de 6h pour faire 250km ! La faute à une route encore en cours de construction et à une région montagneuse et volcanique. La traversée des coulées de lave est chaotique mais l’arrivée au volcan éteint Khorgo Uul est saisissante : d’en bas, c’est un joli cône, d’en haut, un profond cratère, et au loin, nous avons une vue magnifique sur le lac Terkhiin Tsagaan qui s’étend derrière. Il faudra encore quelques efforts à notre bolide pour gravir les pentes qui nous séparent du lac.
Nous partons ensuite vers Karakorum qui sera notre dernière escale avant Oulan Bator. La route se fait principalement sous la pluie ce qui rend la conduite encore plus difficile pour Bor. Il aura tout de même 5mn d’hésitation quand il doit franchir un espèce de mur de boue avant de nous ramener sur une vraie route. Après avoir demandé l’avis de 3 voitures différentes qui passaient par là, il met Titine Khaan en mode 4x4, appuie à fond sur l’accélérateur et… “my car, good car !!!” victorieux, crié dans un énorme sourire. Pour le reste de la route, nous aurons quelques encombres : fenêtre coincée dans la portière, câble d’accélérateur qui lâche et moteur en surchauffe. Mais finalement rien de bien méchant car l’avantage de nos bolides russes c’est qu’ils sont entièrement et facilement démontables. Ainsi, la fenêtre est réparée en 5mn, l’accélérateur en 10mn, etc. A noter : à chaque réparation, une pièce est généralement sortie du moteur sans forcément être remplacée, agrémentée d’un “kaputt” de Bor devant nos têtes interloquées. Qu’en dirait-on chez Speedy ? Et pourtant ça roule toujours !
Karakorum et son monastère
Nous terminons notre périple par une escale à Oulan Bator. Le centre est moins moche que ce que nous aurions pu penser et le développement économique bat son plein. Pour preuve, l’arrivée récente de Louis Vuitton et Armani ! La ville comprend plus de 1M d’habitants pour un pays qui en comporte 2,8M et qui fait deux fois la taille de la France. Cela donne donc une ville champignon, très étendue, au trafic abominable. Avec la foule, nous découvrons quelques bonnes pratiques mongoles : 1/ Courir aux feux avant que le compte à rebours ne se termine (à 3, nous entendons déjà vrombir les moteurs) 2/ Eviter de jouer au plus fort quand on est un piéton : le chauffeur mongol ne s’arrête pas, il accélère pour montrer qu’il ne va pas s’arrêter 3/ Griller les files d’attente pour ne pas se faire bousculer et griller à son tour.
Le best of de la semaine
- Se faire réveiller par un yack (cousin avec Chabal ?) fonçant dans la ger sur les coups de 2h du matin.
- Se chauffer à la bouse séchée lorsque les nomades n’ont pas de bois. L’explosion de bouse dans le poêle au démarrage du feu fut un délice comme vous pouvez l’imaginer. Nos affaires étaient déjà sales de toute façon.
- Découvrir les routes et les “restau-routes” – même si la cuisine est parfois hasardeuse et que même Bor nous dira “Soup… really bad”. Ouf, nous ne sommes pas les seuls à faire nos fines-bouches !
- Klaxonner 3 fois à chaque Ovoo (monticules de cailloux et/ou de bois utilisés par les shamans) même si ce n’est pas exactement le rituel indiqué dans le Lonely qui consiste à tourner 3 fois autour de l’Ovoo dans le sens des aiguilles d'une montre, à faire un vœu et à lancer une offrande ou un petit caillou.
- Retrouver des croissants, du vrai café et à peu près tous les français croisés sur le chemin chez Michele’s French Bakery, la merveilleuse boulangerie française d’Oulan Bator.
- Réaliser que nous venons de parcourir 2 612 km et que nous n’avons pas vu le temps passer.